Le 5 juin 2016 s’est tenu une « soutenance en forêt », devant un panel de pygmées Bagleili/Bakola de la thèse :
Gestion traditionnelle des écosystèmes forestiers par
les Pygmées Bakola/Baglieli et voisins bantu
face à l’exploitation néolibérale au Sud-Cameroun
Pendant plusieurs années, une longue recherche de terrain a été menée par M. Jean Nke Ndih au Sud-Ouest du Cameroun, une région habitée par de nombreux groupes Bantu, mais aussi par les Pygmées Bakola/Baglieli, avec pour objectif de comprendre les ressorts traditionnels de l’adaptation de ces populations qui, depuis des millénaires, font une gestion écologiquement pertinente de ces forêts. Cette gestion contraste avec le constat fait sur le terrain, à savoir, que depuis quelques décennies, ces mêmes forêts sont désormais exploitées de façon intense pour les besoins de l’économie néolibérale. Ces écosystèmes forestiers sont ainsi exposés aux effets dévastateurs de la convoitise de nombreux acteurs, ce qui en fait un enjeu important, que ce soit dans le contexte local, national, sous-régional ou international.
L’auteur de la thèse a mené ses travaux à partir de son affiliation à deux structures de l’Université Catholique de Louvain (UCL) : le Centre d’Etudes de Développement (CED) et le Laboratoire d’Anthropologie Prospective (LAAP).
Ce soutien théorique dans le cadre académique s’est combiné très utilement avec les l’encadrement de terrain. Celui-ci a été prodigué au cours de l’observation participative et d’autres modalités de recherche de terrain par des personnes-ressources parmi les populations pygmées qui sont les principales victimes de la déforestation, problème au cœur de cette étude. Détentrices de savoirs écologiques à la pertinence souvent méconnue, ces personnes se sont révélées être plus que des informateurs. Le chercheur a donc bénéficié d’un double encadrement.
Toutefois, les encadreurs du terrain, principaux intéressés, premiers concernés, principales victimes du problème et détenteurs des savoirs qui font l’objet de l’étude, étaient absents à la présentation des résultats lors de la défense de la thèse le 06 Mai 2014 à Louvain la neuve.
C’est une des raisons pour lesquelles le chercheur a suggéré au cadre académique de se transporter en forêt afin de rendre justice à l’ensemble de l’encadrement, afin que le chercheur puisse se soumettre à une seconde présentation de sa thèse, devant un jury paritaire constitué d’académiques et des « maîtres » du terrain.
Le GITPA a été invité a participer au jury de soutenance
Quelques photos de la soutenance
Haut : à gauche : Dany Rondeau et Alain Froment.à droite : Patrick Kulesza et 3 assesseurs pygmées
Milieu : les assesseurs pygmées prennent la parole
Milieu : à gauche : le jury délibère. à droite : le docteur Jean Nkhe Ndih
Bas ; danses pygmées baglieli
L’organisation de cette défense de thèse en forêt aboutira à la production, outre d’un documentaire combinant les images de la défense de thèse à Louvain le 6 mai 2014, celles de la "soutenance en forêt", les différents aspects des connaissances écologiques des pygmées, ainsi que les solutions endogènes aux problèmes de développement durable, de protection de l’environnement et de défense des droits des peuples autochtones.
MEMBRES DU JURY
Alain FROMENT, IRD/ Muséum d’Histoire naturelle
Charles BIKIO BINAM, Secrétaire exécutif du CERDETOLA
Dany RONDEAU, Université du Québec
Alain REYNIER, Université Catholique de Louvain
Patrick KULESZA, Groupe International de Travail pour les Peuples Autochtones GITPA
Godefroy NGIMA MAWOUG, Université de Ngaoundéré
Julius Victor NGOH, Université de Bamenda
Jean Baptiste TCHAGADIK, assesseur baglieli
Anne NIALIPOUA, assesseur baglieli
Lucien NGALI, assesseur baglieli