ÉQUATEUR
Un projet d’exploitation pétrolière efficacement remis en question
par le peuple Waorani
(une bonne nouvelle dans un océan de mauvaises)

Des femmes waorani revendiquant leurs droits
En Equateur, un tribunal de Pastaza (province du bassin de l’Amazone) a rendu le 26 avril 2019, une décision historique en faveur des communauté autochtone Waorani, la justice a exigé la cessation d’une enchère sur une zone pétrolifère, car aucune consultation préalable n’a eté correctement organisée, ce qui est contraire à la loi.
En effet, d’après l’article 6[2] de la Convention n°169 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), les gouvernements ayant adopté ce traité ont une obligation de consultation prealable et de mise en place de moyens en faveur des populations indigenes potentiellement impactees par des projets d’exploitation de ressources naturelles.
Les peuples autochtones s’opposent à l’exploitation pétrolière et minière, car ils la considèrent comme une menace pour leur mode de vie, leurs traditions, au contraire ils pensent qu’il faut préserver la Terre-Mère, source de vie, celle qui nourrit les Hommes.
Chasseurs de tradition, les Waorani se considèrent comme les gardiens de la forêt, or les principaux champs pétroliers équatoriens sont situés en Amazonie, précisément sur cette zone qui regroupe le plus grand nombre de tribus autochtones.
Selon un message Twitter de Resistencia Waorani, en 2011, les blocs de pétrole en Amazonie équatorienne couvraient 76% de la superficie totale des territoires de sept groupes autochtones et affectaient la mobilité de groupes en isolation volontaire (refusant tout contact avec le monde extérieur) tels que les Tagaeri et Taromenane.

Un jugement historique en faveur des droits autochtones et de la préservation de leurs territoires
L’État équatorien a garanti le droit des peuples indigènes à évoluer sur leurs territoires ancestraux, à se développer et à renforcer leur identité et leurs traditions sans être menacés d’expulsion. La Constitution dans son article 57 mentionne pour la première fois les peuples indigènes qui ont fait le choix de rester isolés :
« les territoires des peuples en situation d’isolement volontaire sont ancestraux, irréductibles et intangibles, à ce titre toute forme de prospection y est interdite. L’État adoptera des mesures pour garantir leur vie, pour faire respecter leur autre détermination et leur volonté de rester isolés tout en veillant à la stricte observation de leurs droits. La violation de ses droits constituerait un délit ethnocide qui sera puni par la loi ».
Dans ce cas précis, la communauté autochtone avait demandé au tribunal de prendre une mesure de protection contre l’exploitation pétrolière dans le bloc 22, dans le cadre d’un appel d’offres lancé par le ministère de l’Énergie et des Hydrocarbures.
« Ce tribunal constate qu’il y a violation du droit constitutionnel à une consultation préalable, libre et informée, et accepte donc l’action de protection des communautés appartenant à la nationalité waorani de Pastaza », des propos qui ont été tenus par la juge Pilar Araujo dans sa sentence. Le juge a ainsi reconnu la violation du droit de consultation préalable et, par conséquent, le ministère doit procéder à une telle consultation avant de procéder à l’appel d’offres.
L’acteur américain Leonardo DiCaprio se félicite de la décision de justice
Leonardo DiCaprio, le célèbre acteur hollywoodien, s’est joint à la bataille juridique des Waoranis. Le 25 avril, dans un message sur les réseaux sociaux Twitter et Facebook, il les a felicités pour leur victoire.

Trois questions psées à Sofia Cevellos Vivar qui a soutenu le 3 juin 2019 une thèse d'Anthropologie
sur l’exploitation du pétrole dans le Parc Yasuni.
Elle est membre du réseau des experts du GITPA pour l'amérique latine
Pouvez vous succinctement décrire l’histoire de l’exploitation pétrolière dans le Parc Yasuní ?
Comment les Waorani se sont ils organisés pour s’opposer aux projets d’exploitation sur leur territoire
Quelle est la portée de la décision récente du tribunal ?
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