RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
Depuis 2012, un déchainement de violences oppose des pygmées Batwa et des bantous Luba
dans la province du Tanganika au sud est de la RDC
Selon un rapport de l’ONG Human Rights Watch (HRW),
les attaques sont courantes et menées par les deux parties du conflit
Au début 2017 les violences tournent aux massacres
L'ONG HUMAN RIGHTS WATCH -HRW estime que les problèmes sous-jacents à la violence ne seront pas résolus tant que les droits fondamentaux des Pygmées, longtemps opprimés, ne seront pas respectés.

Province du Tanganyka - réfugiés Batwa
Les pygmées sont des chasseurs-cueilleurs semi-nomades, qui vivent dans les forêts. Les Luba, bantous, sédentaires, vivent du commerce et utilisent les infrastructures publiques.
Les deux communautés, Pygmées et Luba, vivaient jusqu’il y a quelques années en paix à l’est de la RDC.
Depuis 4 ans, les massacres interethniques se multiplient.
Les Batwa sont un des peuples autochtones pygmées de la RDC, implantés depuis plus longtemps sur le territoire que les Luba revendiquent. Ils s’estiment discriminés et chassés de leurs terres ancestrales par les Bantous, groupe ethnique ultra majoritaire en RDC (80 % de la population) dont font partie les Luba.
Les Batwa accusent les Luba, comme ils accusent des entreprises extractives étrangères, de contribuer à la déforestation et à la destruction de leur habitat traditionnel, en exploitant les nombreuses ressources naturelles du pays. Le déboisement est principalement dû à l’installation d’exploitations de bois, de concessions minières ou de parcelles agricoles dans ou autour des zones forestières.
Les Batwa demandent à recevoir une juste partie des bénéfices récoltés grâce à l’exploitation de leur habitat et veulent être représentés par des quotas dans les instances gouvernementales congolaises. Ils se disent victimes de discriminations raciales et rappellent qu’ils étaient qualifiés de "sous humains" par les autorités coloniales belges.
Outre ces désaccords et revendications anciennes, les deux ethnies parvenaient la plupart du temps à cohabiter pacifiquement.
Certains Lubas, accusent les Batwa de violer leurs femmes et de mener des attaques sanglantes contre leurs villages. Ils leur reprochent également de vouloir avoir leurs propres chefs coutumiers [notables jouissant d’un certain nombre de privilèges financiers et juridiques].
Selon un rapport de l’ONG Human Rights Watch (HRW), les attaques sont courantes et en fait menées par les deux parties du conflit. Elles entraineraient d’importants déplacements de population.
Dans ces circonstances, les Lubas ont tendance à rejoindre les grandes villes les plus proches, plus éloignées des zones forestières.
Selon l'ONG Human Rights Watch - HRW, le conflit a violemment éclaté dans la région de Manono mi-2013 mais des tensions latentes existaient au préalable. À l’échelle de la région, les affrontements intercommunautaires auraient fait 158 morts, 250 blessés, des milliers de déplacés et des dizaines de cas de femmes violées ces 6 derniers mois, selon le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’Homme.
La dizaine d’habitants de Manono contactés par France 24 confirment que les tensions entre les deux communautés sont très vives. La perspective d’une résolution du conflit leur parait très incertaine, d’autant que les violences s’accentuent. Malgré ce contexte ultra-violent, une association de jeunes organise à Kalémie, le chef-lieu de la province, une "Marche pour la paix" hebdomadaire avec des membres des différentes ethnies, pour rétablir le dialogue intercommunautaire.
Source France24 (Les Observateurs) - 18 jan 2017